L’auto-empathie est un chemin d’écoute et de bienveillance envers soi, que je trouve très complémentaire au yoga.
L’accueil des sensations corporelles, des émotions et des pensées est une des bases fondamentales de cette approche. Je partage avec vous cette vidéo d’Isabelle Padovani qui explique ce cheminement intérieur.
J’ai participé avec beaucoup de plaisir la semaine dernière à une formation sur l’auto empathie, avec Lise Rodien, formatrice en Communication Non Violente pleine d’expérience et de sensibilité.
Je partage avec vous cette vidéo d’Isabelle Padovani dont j’ai retranscris le texte sur un document word, complémentaire à la vidéo.
Télécharger le document en cliquant sur ce lien. : Auto empathie, I. Padovani
Le contenu est repris ici dans son intégralité.
« C’est comment, donner de l’empathie, se donner de l’empathie ? »
Extrait du Satsang du 11 mai 2014 à Fribourg avec Isabelle Padovani
« Pour moi, c’est d’abord quelque chose de corporel. Ca commence par quelque chose de corporel.
C’est comme ouvrir à l’intérieur de moi, dans mon corps, un espace qui est d’accord d’accueillir ce qui est en train de me traverser.
Si j’ai besoin d’empathie, c’est que j’ai du mal à être traversée par ce qui me traverse. C’est à dire il y a une intensité et mon corps n’arrive pas à contenir ça. Et donc il commence à y avoir des stratégies qui arrivent et qui disent « il faudrait que » « je devrais », etc. Enfin, je n’arrive pas à rester avec.
Alors supposons qu’il y a de la tristesse. Voilà il y a de la tristesse.
La première chose que je fais, c’est ça, je vois, c’est corporel ce que je fais, quand je veux être en empathie avec moi.
Déjà la première chose, c’est que pour être en empathie avec ce qui me traverse, j’ai d’abord besoin de me différencier de ce qui me traverse. Parce que sinon… En CNV on parle d’auto empathie, mais je n’aime pas le terme. Je préfère en anglais, c’est Self Empathy. Ca le dit bien en anglais, c’est le Self, c’est le Soi qui se met en empathie avec ce qui le traverse. Mais auto empathie, c’est comme si ce qui est triste pouvait être en empathie avec ce qui est triste. Ca ce n’est pas possible. Il faut qu’il y ait quelqu’un, quelque chose, qui soit en empathie.
Moi ce que je fais, il y a, mettons, comme une boule ici de tristesse, la première chose que je fais c’est que je commence dans mon corps à mettre mon attention sur l’espace de mon corps qui est autour de de la zone dans laquelle l’émotion se manifeste, comme pour lui faire un nid. Ca c’est la première chose que je fais : c’est devenir l’espace qui entoure la zone où se manifeste l’émotion.
Maintenant, si je remonte encore un cran, je me rends compte que la première étape c’est observer où est dans votre corps la manifestation de votre émotion. Et regarder comment elle se manifeste. Quand vous vous dites, je suis triste. En cet instant qu’est ce que fait que vous savez que vous êtes triste. Comment vous savez que vous êtes triste, il y a des pensées. « Il a fait ça ». « Je vois que … » et ensuite dans votre corps, il y a quelque chose.
Moi par exemple, quand je suis triste, il y a comme quelque chose qui me serre par là, qui me prend, qui me serre le cœur, qui me serre aussi un peu le plexus, qui me serre un peu la gorge aussi. Donc ça me fait toute une colonne là qui serre, il y a de la tristesse.
Donc en premier je mets mon attention sur ça et la première chose que je fais, c’est déjà je fais savoir à ce qui est là, cette sensation de tristesse, je lui fais savoir « je suis là pour toi ». Je lui fais savoir « il y a quelqu’un qui est là ». Et donc au moment où je commence à mettre cette intention, comme on s’assoit à côté d’un ami sur un banc, on dit rien, on s’assoit à côté juste. Je fais savoir, je suis là. Je suis là et je commence moi à mettre mon attention autour.
Je commence à être comme des bras autour de la sensation de tristesse.
Fondamentalement l’empathie c’est ça, l’empathie, c’est pas des mots. L’empathie c’est « je suis avec toi et je mesure ce que tu vis ».
Quand on parle à un être humain, des fois, ça ne suffit pas l’empathie non verbale. Ca ne suffit pas qu’il sente qu’on est là, et qu’on est connecté et qu’on sente ce qu’il sent. Et qu’on mesure et qu’on d’accord d’être avec, autour. Alors si l’empathie non verbale ne suffit pas, je vais mettre des mots.
Quand je suis en empathie avec moi, je ne mets pas de mots si c’est juste un sentiment comme ça, une émotion dans le corps, je reste juste avec. Je respire avec. Et je regarde juste régulièrement comment c’est.
Des fois bien sûr, ça passe par un peu par des concepts, alors je m’adresse à ce qui est triste en demandant « C’est comment pour toi de sentir que je suis là et que j’accueille que tu es triste ». Alors là tout de suite, (Ca détend) ça respire.
Bien sûr que je fais savoir toujours à ce qui est triste « Tu peux vraiment être triste autant que tu veux ». C’est la différence avec le mode Sauveur. Dans le mode Sauveur ou le mode C’est pas grave, je cherche à faire descendre l’intensité, ce qui a évidemment pour effet immédiat de la renforcer. Vous étiez en colère et ..« Ne te mets pas en colère ! », (vous explosez !)
« Sois autant en colère que tu veux ». Je fais savoir « Alors là vraiment, écoute, tu es bienvenu ». Je ne le fais pas par stratégie, je le fais vraiment parce que je veux être là pour ce qui en moi est triste et je veux lui offrir la plus belle chose qu’on peut offrir à un être. C’est « Je veux que tu puisses être pleinement qui tu es » « Je veux t’offrir que je suis là pour toi exactement tel que tu es. » Je le fais savoir. « Tu peux être là avec toute ta tristesse et je donne vraiment tout cet espace. Dépose toute cette tristesse. Tu peux être toute cette tristesse dans l’espace de ce que je suis. Autant que tu veux, aussi longtemps que tu veux, sans rien changer à ta tristesse. C’est comment pour toi ? »
Ca respire. Ca c’est de l’empathie.
Ensuite si j’observe que si ce qui est inconfortable en moi, c’est non seulement des émotions, mais des pensées, c’est à dire que ça oscille entre « C’est triste dans le corps » et » il y a une pensée qui dit « Ah mais alors…, j’aimerais tellement… mais là c’est pas possible…, comment je pourrais…, compliqué… » ». Une voix dit quelque chose. Alors j’entends que cette voix, elle, elle a des besoins pas nourris mais elle sait pas. Une voix parle en mode conditionnée, elle parle sous forme de jugements, ou d’insatisfactions. Alors là je vais lui parler, je vais traduire, je vais lui dire « Mais quand tu dis ça, au fond c’est quoi ? Qu’est ce que tu aimerais ? » «- Ouais je sais pas… » Je vais écouter jusqu’à traduire en termes de besoins et d’aspirations. « Est ce c’est que tu aimerais juste là prendre soin, est ce que tu as besoin de connexion ? » « Ah oui c’est ça. » (Expiration)
Je sais que je suis au bon endroit dans la pratique quand quelque chose respire dans ce que j’écoute.
Donc quand c’est des émotions, je cherche à les accueillir, à leur faire savoir qu’il y a de l’espace pour elles, quand c’est des pensées, j’essaie de les écouter et de les traduire pour aller jusqu’à leurs besoins. Et je demande, « Est ce que c’est bien ça ou est ce qu’il y a autre chose que tu aimerais me faire savoir ? »
« -Oui mais il a aussi, et bla bla bla »
« -Mais quand tu dis ça est ce que, au fond, … »et j’écoute encore les besoins . « Est ce que ce à quoi tu aspires, c’est ça ? » « Ce qui ferait tellement de sens pour toi, c’est ça… ? » « Et que tu es triste que ça ne puisse pas vivre juste là ? »
Oui …
Et là je réenglobe le tout quand c’est comme ça, je prends dans mes bras à la fois la sensation et la part avec ses pensées, et les besoins, et je reprends tout ça. Et on respire ensemble.
C’est comme un ami qui vient de perdre un parent. Mais qu’est ce que vous voulez dire, il vient de perdre un parent. Mais on reste avec. On est avec. « Ah oui c’est pas facile.» On respire ensemble. En redemandant régulièrement, « Est ce qu’il a autre chose que tu aimerais me faire savoir ? Est ce qu’il a autre chose que tu aimerais que je puisse accueillir ou mesurer ? » Parce que l’empathie, c’est mesurer l’intensité de ce qui se vit.
Dans la joie comme dans la douleur, on a besoin aussi de l’empathie quand on est joyeux. « Ouai, j’ai fait ce truc c’était génial !!!». « Ah oui, (-bof !)- ça a l’air super ». Alors là on n’est pas du tout rejoint. On a besoin de l’empathie pour que soit mesuré ce qui se vit en nous.
Et on redemande régulièrement, « Est ce qu’il a autre chose que tu aimerais que je mesure, que je vois de toi ? »
Et puis à un moment donné, ce qui se passe en moi va avoir été accueilli, et donc l’étape ultime c’est ensuite « Est ce qu’il y a quelque chose que tu aimerais, est ce qu’il a quelque chose qui contribuerait pour toi, maintenant, en lien avec ce besoin, en lien avec cette tristesse, est ce qu’il y a des choses que tu aimerais ? » et puis on regarde si on peut soutenir, depuis l’espace du Soi, pour faire un pas.
Est ce que ça te donne des pistes ? Merci pour la question. »
Les sites web d’Isabelle Padovani :
http://www.cnv-ip.com/
http://www.communification.eu/
https://www.youtube.com/user/kergwenael11
L’image avec le gros coeur sur la poitrine provient du blog d’une illustratrice passionnée de Communication Non Violente : http://cnv-apprentiegirafe.blogspot.fr
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