Quelle belle découverte nous avons partagée aujourd’hui, mercredi 10 août!
Nous étions 15 à nous retrouver, pratiquants et amis curieux de yoga, en deux groupes à 11h et à 18h pour découvrir le yoga dans l’eau et ensuite partager un délicieux repas.
Comment s’est passé cette séance et quelles ont été nos expériences ?
2 temps forts expliquées en détail et à la fin de l’article, un extrait du livre de Loredana Hamoniaux, pionnière de la pratique yogique dans l’eau.
2 temps forts de notre pratique d’aujourd’hui :
1- d’abord redécouvrir les postures de yoga “terrestres” que nous connaissons mais qui se révèlent, dans le contexte aquatique, très différentes, en terme de sensations et d‘ajustement : postures debout, postures vers l’avant, vers l’arrière, torsions, en se servant de l’appui contre les bords de la piscine si nécessaire. Un équilibre mouvant redécouvrir, une légèreté nouvelle et enivrante dans les articulations soulagées du poids du corps, certaines postures se sont révélées plus aisées, et d’autres plus difficiles à mettre en oeuvre. Nos sens de perception s’aiguisent, nous retrouvons de la liberté dans le corps, l’aisance des mouvements, le goût de jouer.
2- dans un deuxième temps, nous avons exploré des postures dans des contextes exclusivement aquatiques, qui mettent en jeu la flottaison (sans aucun appui au sol ni sur les murs de la piscine) et l’immersion (l’ensemble du corps y compris la tête complètement dans l’eau).
Ces contextes ont permis de faire l’expérience d’une façon absolument naturelle et directe, de certaines sensations explorées dans le pranayama :
–les inspirations longues, l’expansion de la cage thoracique, conditions indispensables à la flottaison, qui nous font ressentir nos poumons comme des flotteurs indispensables : “j’inspire profondément, lentement et longuement, je flotte, je fais autrement, je coule!”
–les rétentions du souffle, temps de suspension et de silence entouré d’eau, le corps totalement “embrassé” par le contact amoureux de l’eau. Expérience de fusion, sensation de s’immerger dans l’infini, ce qui n’est ni facile à décrire, ni quantifiable, ni vraiment partageable, et qui est offerte comme un cadeau, sans être le fruit d’une volonté ou d’un effort au sens ordinaire du terme.
Ces sensations de corps expansé, de dissolution des limites, de “disparition de la prison parce que le prisonnier disparaît”, cette atmosphère foetale de retour à la source, ce sentiment de communion, de fusion sont très bien étudiés par Loredana Hamoniaux dans son livre de recherche “Le yoga, le bébé et la tortue : introduction au yoga dans l’eau”.
En voici un extrait qui commence par une citation :
“Vide à l’extérieur, vide à l’intérieur, comme une jarre vide dans l’espace…
Plénitude à l’intérieur, plénitude à l’extérieur, comme une jarre immergée dans l’océan….
Le yogi ne doit s’occuper de rien qui soit extérieur… de rien qui soit intérieur non plus. Abandonnant toute pensée, il ne doit plus penser à rien.”
Cet extrait ancien du Hatha Yoga Pratipika, (qui est un texte fondateur du yoga) montre le sens fondamental du pranayama, non point exercice respiratoire, technique fonctionnelle, mais alchimie des souffles vitaux pour toucher une dimension “autre” que l’ordinaire, un état de paix et d’unité profonde, d’immobilité de la pensée, où l’objet connu et le sujet connaissant disparaissent, où l’illusion de la séparation disparaît, séparation entre notre corps et le monde, fragmentation aussi entre notre corps, notre mental, notre conscience, notre intelligence.
Les Kumbhaka (littéralement : vase, jarre), suspensions du souffle à plein ou à vide, à l’intérieur et à l’extérieur du corps permettent de sentir cette unité et cette fusion, non pas comme une idée, mais comme une expérience vivante.
Or dans l’eau, cette expérience est non seulement à son comble, mais aussi absolument intrinsèque, car là manifestement, notre corps est la jarre, le vase : le vase qui se remplit, le vase plein qui flotte, le vase qui se vide, le vase vide qui s’immerge. (…)
C’est pourquoi la pratique du yoga dans l’eau s’étend bien au delà de la recherche d’un vague bien être : un tel travail ouvre une porte à ce que, à défaut de mots adéquats, je me contenterai pour l’instant d’appeler “autre chose” : – à la fois dimension méditative, fulguration intuitive, ainsi que perception extra-ordinaire, c’est à dire d’un type assez particulier, en dehors des perceptions habituelles et connues, et pour cela même, difficile à enfermer dans une définition. Elle est expérience d’un retour aux origines, d’un voyage à rebours dans le temps et l’espace de la conscience. Emergence de la source ultime de toutes manifestations, source incontaminée et non manifestée, énergie jaillissante et intemporelle, pressentiment de la disparition “du voile qui recouvre la lumière”. ”